Hier est prêt de moi : l'histoire des Clodettes

Leur histoire 
(Hier est près de moi)

Déesses blondes, brunes, rousses, blanches, noires, asiatique, dansant à demi nues sur les plateaux de télévision, vêtues de strass, de strings et de bottes à talons, elles incarnaient la parisienne moderne, représentaient la France à l'étranger, faisaient rêver les hommes et les femmes.
C'étaient les Clodettes.

Dany, Lydia, Prisca, Julie, Sandra, Carole, Pat, Cynthia, Ketty Lydia, Ketty Sina.. et autres étoiles filantes.

De 1966 à 1978, de Pat (en Décembre 1966) à Béatrice (dernière Clodette engagée le 8 Mars 1978), une trentaine de danseuses se succèderont au cours durant 12 années.
Si certaines n'ont fait que passer, au gré des remplacements de dernière minute, d'autres ont suivi Claude François pendant de nombreuses années. Toutes gardent un souvenir ému de cette période de leur vie qui les a marquée pour la vie. Certaines, comme Carole, Prisca ou Ketty Sina ont publié leurs souvenirs.

Gracieux objets de fantasmes elles étaient partie intégrante de l'artiste Claude François à travers leurs danses entraînantes, joyeuses et pleines d'invention.

Véritable institution dans la carrière de Claude, c’est lui-même qui eut l’idée de mettre en place les chorégraphies très dansantes, et surtout millimétrées dans des tenues sexy mais très classes passées depuis longtemps à la postérité et ainsi permettre à toutes les Clodettes de faire parties intégrantes du spectacle, et non un simple accessoire. Elles devinrent pour toujours indissociables de l'artiste et du show qu'elles sublimaient.

Du costume à la chorégraphie et au placement sur scène, Claude gérait tout mais était surtout très fier de ses Clodettes. Le style des Clodettes étaient en phase avec la pointe de la mode de leur époque, du style Motown des débuts aux shorts disco de 1978.


Leur grande première a lieu sur la scène de l'Olympia lors du 8 décembre 1966.
Lorsque Claude François se produit sur la scène de l'Olympia du 8 au 25 décembre 1966, pour la première fois, quatre jeunes femmes l'accompagnent. Elles s'appelent Cynthia (alias Cindy) Rhodes Pettitgraw-Siméon, Pat Kerr Milicent, Siska et Solange Fitoussi.

Après les avoir mises en lumière lors de son passage à l'Olympia, C.F. présente officiellement les quatre danseuses qui l'accompagnent désormais sur scène dans le magazine "Salut les Copains" de mars 1967.
A l'époque, il s'agit encore de "Claude François et de ses danseuses". Ce n'est qu'en Mars de l'année suivante qu'on les surnommera "Claudettes" ou "Clodettes".

Les versions divergent pour décrire ce que fut le point de départ de ce qui s'avéra à posteriori une véritable révolution dans l'univers de la variété française.

Tout commence à l'issu d'un concert à l"Ancienne Belgique" de Bruxelles où Claude fait un triomphe durant deux semaines en 1966. Le dernier soir, Paul Lederman, alors manager de C.F lui dit:

"Maintenant, il faut tout changer. On est en train de ronronner, c'est le moment de se remettre en question".

Délibérément il fait peur à Claude en l'informant qu'il ne remplissait plus aussi facilement les tournées, que Claude ne se renouvelait plus assez. "Si on ne change rien, dans six mois, tu es un chanteur fini". Cette discussion va l'obséder durant plusieurs jours jusqu'à ce qu'il trouve l'idée lui permettant de se réinventer.
Cette même année 1966, Claude François a assisté aux concerts de James Brown (à l'Olympia début 1966) et d'Otis Redding (l'été de la même année). Les chanteurs américains étaient accompagnés d'énergiques danseuses. Cloclo pense trouver là la fameuse idée de renouvellement scénique que Paul Lederman lui demandait depuis des mois. Un beau jour, il lui dit : "Tu sais, je crois que ce serait bien que j'aie des danseuses".
C'est décidé, C.F. sera desormais accompagné en concert de quatre danseuses. Leur présence autour de lui contribuera à lui donner l'image d'un showman complet et accentuera encore la différence avec les autres chanteurs qui pour la plupart ne dansent même pas ou à peine.

Autre source d'inspiration : Ike and Tina Turner.
Tina Turner avait une façon de danser extrêmement énergique, qui ressemblait fort à celle dont Claude avait fait preuve dès ses débuts. Plusieurs éléments que Claude François va reprendre en les améliorant sont inspirés du groupe : tenues sexy, danseuses à l'unisson, certains des pas sont également dansés par la chanteuse, orchestre en arrière-plan. Les danseuses de Ike and Tina Turner s'appelaient « The Ikettes ». Le nom lui-même s'inspirait des choristes de Ray Charles depuis 1958 (« The Raelettes », précédemment « The Cookies »).
François Perier avait inventé  quelques années auparavant le surnom "Cloclo la belle gueule". C'est naturellement, qu'après Ray Charles et les Raelettes , Ike Turner et les Ikettes, que "Claude François et les Clodettes" s'impose. Des Ikettes ont donc dérivé les Clodettes.

Restait à les trouver.. 
Claude fit remuer ciel et terre pour retrouver et engager les superbes noires qu'il avait vu autour d'Otis Redding la même année. C'est elles qu'il voulait! Il utilise tous ses contacts en Angleterre et finit enfin par obtenir leurs coordonnées. Elles sont mineures et d'origine jamaïcaine. Il réussit à en convaincre deux sur trois de travailler pour lui. Claude a alors l'idée de génie de leur adjoindre deux danseuses blanches. Sur scène et à la télévision, l'effet est saisissant!


Les améliorations imaginées par Claude François consistent à donner un rôle beaucoup plus visible aux danseuses. C'est ainsi que les Clodettes ont été les premières à participer aussi étroitement à un spectacle de variété. Un rôle de premier plan et ceci, par plusieurs moyens.
Claude est entouré sur scène par les Clodettes, qui le mettent en valeur et réciproquement. Les danseuses ne sont plus un accessoire, elles ne sont plus en retrait, elles font partie intégrante du spectacle dont le visuel est conçu autant en fonction de Claude que des Clodettes.
Ensuite, chaque Clodette possède son propre style : bien que les tenues soient les mêmes, parfois seulement de couleurs différentes, chaque Clodette se distingue par sa coiffure, ses bijoux, son physique (il recherche volontairement des noires, une eurasienne puis des blondes..).
Claude aime tout particulièrement s'entourer sur scène de noires qui avaient selon lui le sens du rythme et apportaient de l'exotisme. Peggy, sa Clodette eurasienne (de père vietnamien) eu également beaucoup de succès auprès du public (et Claude lui-même n'était pas insensible..). En privée, en revanche, c'est pour les blondes scandinaves que Claude succombe.
Rapidement, les Clodettes devinrent extrêmement populaires (jusqu'à éclipser C.F. lors de ses tournées italiennes!).


Un soin particulier était apporté par Claude François à la conception et à la réalisation des tenues de scène des Clodettes qu'il dessinait lui-même. Lors d'un gala, elles pouvaient changer de tenue plus de dix fois. Le changement de tenue devait être particulièrement rapide, en mettant à profit une chanson interprétée par le chanteur seul sur scène, ce qui ne leur laissait qu'environ trois minutes à chaque fois. Au fil des années, de nouvelles tenues apparaissaient afin d'assurer un renouvellement constant.

En règle générale, celles-ci étaient esquissées par Claude François et réalisées par des couturiers de renom, comme Gérard Vicaire, la grande maison spécialiste des costumes de cirque et de music hall, du strass et des paillettes dans son atelier du 9e arrondissement à Paris, Reinhard Luthier, Loris Azzaro et avec le plus grand soin. Par exemple, les bikinis de style brésilien, argentés en strass utilisés de 1977 à 1978 avaient coûté 3 000 francs pièce, ce qui équivaut à 1 500 euros de 2012.
Enfin, une chorégraphie différente et élaborée était mise au point spécialement pour chaque chanson. Techniquement, cela signifiait qu'une Clodette devait connaître parfaitement jusqu'à 31 chorégraphies.
De plus, la synchronisation des danseuses entre elles, ainsi qu'avec Claude lorsqu'il dansait avec elles, devait être parfaite. Cela représentait bien entendu de nombreuses heures de travail.
Des chorégraphes étaient engagés, mais certaines Clodettes ainsi que Claude lui-même participaient aussi à ce travail de création et de mise au point des chorégraphies.

Lydia Baronian se souvient :
«Dans les années 1966 et 1967 et début 68, la chorégraphe s'appelait Cassandra; une super danseuse qui habitait à Londres; nous allions Pat et moi apprendre les chorés là-bas; ensuite Claude s'est rendu compte que je pouvais les faire et nous avons commencé à travailler ensemble en visionnant des émissions de la Motown. Je ne sais pas qui faisait les chorés avec Claude lorsque je suis partie... ». Une source importante d'inspiration étaient les pas de danse que l'on voyait à la télévision américaine. Claude possédait un des premiers magnétoscopes individuels et se faisait envoyer des bandes vidéo des États-Unis.

Du 1er au 9 avril 1968, les Clodettes vont vivre une aventure magnifique et suivre Cloclo dans un incroyable périple du bout du monde. En effet, pour la première fois, Claude et ses danseuses partent en tournée en Afrique. L'occasion de voir du pays et de constater, qu'au delà des mers et sur un autre continent, Cloclo et ses Clodettes sont également très populaires.

Au cours de cette mini-tournée, Claude et ses quatre Clodettes vont prêter de bonne grâce aux interviews et aux émissions de télé. Revêtant leurs plus belles tenues, les Clodettes jouent le jeu, trop heureuses de satisfaire un peuple si amical et accueillant .
Abordant fièrement le logo Flèche sur leurs tee-shirts moulant, en mini-jupes et bottines à talons, les danseuses de Claude affichent un look résolument pop et tendance.

Les premières Clodettes paraîtront bien sages, comparées à celles qui vont leur succéder, année après année. Nous n'en sommes pas encore au string à paillettes et au soutif aéré, mais déjà, leurs silhouettes sexy, leur minijupe et leurs bottes en vinyle ont quand même de quoi affoler la gent masculine qui trouve soudainement Cloclo très intéressant ! N'était-ce pas d'ailleurs le but recherché par Cloclo ?

Les Clodettes ont rencontré un important succès, qui ne s'est pas démenti au fil des années.
Du costume, à la chorégraphie, au placement sur scène, Claude gérait tout, mais surtout était fier de ses Clodettes comme il l’a avoué quelques jours avant sa mort dans une interview:

"Aujourd'hui les Clodettes sont indissociables de mon nom et de mon show. C'est un peu ma fierté d'avoir imposé sur les scène françaises de quoi réjouir autant l'oeil que les oreilles. C'est moi qui choisis mes Clodettes. C'est vous dire que non seulement je leur demande de savoir se remuer, mais encore d'être jolies et de savoir s'habiller ... Être Clodette, rutilante sous les lumières et souriante n'est pas évident. Vous ne pouvez pas imaginer la somme de travail que cela leur demande pour m'accompagner parfaitement au quart de tour, quel que soit la chanson."


Les Clodettes se devaient d'être grandes et Claude François exigeait qu'elles ne soient pas danseuses professionnelles afin de pouvoir mieux les former à sa manière. Il y eu des exceptions, comme Lydia ou Prisca, ancienne petit rat de l'Opéra recrutée à 17 ans.
Chaque titre interprété sur scène par Claude François était accompagné d'une chorégraphie spécifique. Les Clodettes devaient donc non seulement être expertes en changement de tenues rapide — une dizaine de costumes différents par concert — mais aussi connaître par cœur au bas mot une trentaine de chorégraphies différentes.
Prisca Ligeron, Clodette de la dernière période, décrit un jour ainsi le processus de travail laborieux imposé par Claude à ses danseuses qui l'accompagneront jusqu'à sa disparition : "Il nous donnait un petit papier avec toutes les paroles [des chansons]. Devant chaque couplet ou refrain, il faisait des petits dessins de gestes qu'il souhaitait. On montait la chorégraphie, on répétait. Quand on jugeait qu'on était pratiquement au point, on l'appelait. [...] on avait travaillé des jours et des jours... mais il changeait tout. Il refaisait la chorégraphie !"

On compte plus de trente Clodettes en douze années. La durée de l'engagement d'une danseuse pouvait aller de plusieurs années à seulement quelques jours.
Dans les premières années, les Clodettes étaient quatre. Par la suite leur nombre a passé selon les occasions à cinq ou six.

Leurs âges s'échelonnaient entre approximativement dix-sept et vingt-sept ans. Certaines, comme Prisca, ont commencé très jeunes, à seize ans à peine. Dans une interview de 1986, Julie Lacroix dit qu'à vingt-sept ans, elle se trouvait trop âgée pour continuer à figurer au sein des Clodettes et avait fait part à Claude peu avant son décès de son intention de cesser prochainement son activité de Clodette.

Les Claudettes ont également eu l'occasion d'avoir de participer à des émissions de télévision et d'enregistrer un certain nombre de titres en 45 Tours sans Claude François, même de son vivant. Ce furent : Chinese Kung-Fu, en 1974, vendu à 450 000 exemplaires, Viva America, en 1976, vendu à 645 000 exemplaires. En 1977, les Claudettes dansent et chantent sur L'Amour toujours l'amour et Miss Disco. À la suite du décès de Claude François, elles interprétent Hey, Marry Me, sous le label Polydor (Philips). Mais leur tentative, en 1977, de faire des Claudettes un groupe clairement distinct de Claude François en les rebaptisant « Miss Disco » fut un échec.


Elles s'appelaient :

Cynthia (alias Cindy) Rhodes Pettitgraw-Siméon
Pat Kerr Milicent
Siska Fitoussi
Solange Fitoussi
Lydia Baronian-Urtreger-Gabaud (de 1967 jusqu'en juillet 1974)
Maddly Bamy
Evelyne Bamy
Nelly Bamy
Patricia Criton-Lomane
Monecia Lytle Mc Clellan
Lydia/Ketty Naval (de 1970 à 1976)
Anne Lafitte (de juin 74 à fin 75)
Maya
Malika
Clara Lesueur
Marion Halphen
Pierrette/Julie Lacroix-Calvet-Cousigne (de 1975 à 1978)
Dany Donne Borg (de 1974 à 1978)
Carole Plumelle (de juillet 1974 à 1978)
Hussawa Funnilay
Prisca/Nadine Ligeron
Anne Sérard
Jenny du Pin de Majoubert
Karine Babou
Béatrice Sergueïeff (engagée quelques jours seulement avant le décès de Claude François)
Françoise/Ketty Sina
Dominique Neron
Sandra Cadet-Martinez, (de 1975 à 1978)

Claude François a enregistré près de cinq cents chansons et en a commercialisé plus de quatre cents. Seules quelques chansons ont eu une chorégraphie. Claude, les Claudettes ainsi que des chorégraphes participaient à la création des chorégraphies. Il arrivait cependant bien souvent qu'une chorégraphie pourtant longuement travaillée par les Claudettes soit modifiée par Claude à la dernière minute avant un spectacle.

Chaque chorégraphie était subdivisée en deux parties, adaptées à la chanson : celle qui correspondait aux couplets et celle qui correspondait aux refrains. C'est cette dernière qui était le plus visible lors des passages à la télévision. En effet, lorsqu'on regarde les vidéos de l'époque, on constate que le cadrage est en règle générale serré sur Claude lors des couplets, alors que l'image passe en plan d'ensemble lors des refrains. À ce moment, la totalité des Claudettes deviennent visibles dans leur ensemble, et bien souvent, Claude accompagne alors les pas de danse à l'unisson avec elles. 
Lydia Baronian raconte comment se faisait le partage du travail : 
« On avait chacun un rôle particulier : je devais trouver les pas pour les couplets et lui se chargeait des refrains, parce que c’était ce qui se voyait le plus à la télé ».

Des chorégraphies ont été créées notamment pour les chansons suivantes :

Je vais à Rio
Magnolias for Ever
Alexandrie, Alexandra
Toi et le soleil
Chanson populaire
Bordeaux rosé
Laisse une chance à notre amour
Viva America
Cherche
Chinese kung-fu
Le pélican
J'attendrai
Si douce à mon souvenir
Serre-moi, griffe-moi
Mais quand le matin
Eloïse
Tout éclate tout explose
Hey ! ho ! c'est impossible
Car… tout le monde a besoin d'amour
Le monde est grand, les gens sont beaux
Reste
L'homme au traineau
C'est la même chanson
Monsieur le Businessman
prendi prendi (serre-moi griffe-moi)
Roule
Une chanson française
Stop au nom de l'amour
Soudain il ne reste qu'une chanson
La musique américaine
Cette année-là
Y'a le printemps qui chante, (viens à la maison)
Je viens dîner ce soir
Joue quelque chose de simple
Il fait beau, il fait bon
Belinda
Ce soir je vais boire
Le Lundi au soleil
Sale bonhomme
Jacques a dit
Les Majorettes












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