Maddly


Madly Bamy
Première Capitaine des Clodettes en 1968
Evelyne et Nelly Bamy
Clodettes en 1968

C’est l’histoire d’une fratrie de cinq personnes, dont quatre rêvaient de réussite dans le show business. Maddly Bamy est née en 1943 à Pointe-à-Pitre. Maddly Bamy part habiter à Paris avec sa famille lorsqu'elle est enfant.
Elle fut la première capitaine des Clodettes avant d'entamer par la suite une carrière de comédienne à la télévision et au cinéma. 
Les filles, Evelyne, Madly et Nelly devinrent toutes trois des Clodettes pendant que leur frère s’essayait à la chanson en solo et en groupe. Si la carrière d’une danseuse est en général courte, celle de chanteur de variétés peut-être plus longue en fonction du talent, des opportunités et du critère chance.

A cette époque, les Clodettes étaient quatre : Maddly (nommée capitaine par C.F.), Nelly sa benjamine, Cynthia et Pat. Puis les rejoint à l'Automne 68, Peggy.

C’est au cours du tournage de L’Aventure c’est l’aventure de Claude Lelouch qu’elle rencontra Jacques Brel, qui y jouait un rôle. Elle fut sa compagne jusqu’à sa mort en 1978.

Après son expérience avec Claude François, Nelly la benjamine, est restée dans le milieu de la culture et a travaillé plus tard à la Cité de la Musique à Paris. Elle y a pris sa retraite et coule des jours tranquilles dans la Nièvre.

Madly relatait ses souvenirs ainsi:

"Le hasard, j'y crois et cette rencontre avec Claude est vraiment le fruit du hasard.
A l'époque, Erick (Bamy) et Claude ont le même impresario: Paul Lederman.
(Erick est le frère de Madly. Il est chanteur et restera d'ailleurs 25 ans avec Johnny Hallyday, devenant choriste et sa doublure vocale durant les concerts)

Erick passe d'ailleurs souvent en première partie de Claude qui a créé les Clodettes voici quelques mois, avec deux danseuses blanches et deux danseuses blacks. Il a de gros problèmes avec ses deux blacks, dont l'une se drogue et l'autre n'est pas fiable. L'une des deux blanches s'en va. Il le dit à Paul Lederman qui en parle à Erick... qui lui sit que sa soeur est danseuse.
Et comme par hasard, nous nous retrouvons à Marseille, à l'Alhambra en novembre 1967, Claude pour un concert, moi pour un défilé de mode en première partie de Claude!
La chose étant entendue entre eux, Paul vint me voir et m'invite à souper avec Claude après le spectacle, m'expliquant ce qu'il veut: que je lui trouve une blanche et deux blacks.
Je serai donc très attentive au spectacle de Claude, me rendant compte de ce que j'aurais éventuellement à faire, car on était loin des danses d'alors.
Il se trouve que j'avais fait du modern jazz avec Vic Upshaw, que mon côté créole m'avait donné un rythme spontané que j'avais su discipliner. Donc le "créneau Claude François" pouvait m'aller.

Le repas est très agréable, comme toujours avec Claude qui, l'affaire entendue, me dit d'être prête début janvier... Or, nous sommes à la fin de l'année et pour trouver des danseuses et les former au ballet, ce sera juste.
Pour remplacer les deux blacks, je fais venir une de mes deux soeurs, Evelyne, trouve une autre black, Patricia et, en attendant de trouver une blanche, je m'y colle et reste donc une seule blanche: Lydia.

J'ai connu Lydia sur "Monsieur Carnaval". Elle vient du classique, mais, s'étant cassé une cheville, elle s'est tournée vers la danse moderne où l'on n'a pas à faire les pointes. Je lui demande donc si ça l'intéresse de travailler avec Claude.
Elle a besoin de travailler et dit oui tout de suite. La seconde blanche arrivera donc plus tard et en attendant je prends sa place.
Mais Claude n'est pas ravi de la venue de Lydia: il lui trouve de trop grosses cuisses et de plus, alors que je trouve des tenues très courtes et très sexy pour nous quatre, Lydia en profite pour raccourcir une de ses robes, ce que n'apprécie pas Claude, car il l'a voit chaque soir partir en coulisse la culotte en l'air!
C'est moi qui insiste pour la garder, mais elle est un peu particulière, car elle est très vite jalouse du titre que Claude a créé pour moi: Capitaine des Clodettes. Ce qui signifie pour elle qu'elle est sous mes ordres... et elle brigue ma place!

Par la suite, lorsque je quitterai Claude, elle n'aura pas ma place même si, malgré tout, elle sera l'une des filles qui sera restée le plus longtemps avec lui. Il faut dire qu'elle vivait avec un des musiciens de Claude: René Urtreger, ceci expliquant peut-être cela, car un jour, après que je l'ai quitté, je retrouve Claude sur un show des Carpentier. Il vient m'embrasser, me prend par le bras, me demande de mes nouvelles et finit par me parler de Lydia:
"Tu sais, elle tanne pour qie la nomme capitaine, alors, lorsqu'elle m'embête un peu trop, je lui dis que tu vas revenir... ça la calme un certain temps!"

J'ai beaucoup de mal à trouver une fille qui réponde aux critères de Claude et c'est dans la rue que je rencontre cette jolie eurasienne qu'était Peggy. Je l'aborde et je lui demande si ça lui plairait de danser avec Claude. Elle était belle et brune, un visage d'ange et, métissée, elle pouvait très bien passer sur scène. C'est ainsi que Peggy est arrivée chez Claude qui a toujours eu un petit faible pour elle!

Maddly, à droite

Moi, je gardais mes distances. Je n'étais pas une fan acharnée de Claude, je faisais consciencieusement mon boulot et Claude savait apprécier mon travail. Il me faisait confiance et m'a très vite nommée capitaine afin que je prenne les Clodettes en main, pour les chorégraphies, pour les costumes et pour tous les problèmes qui les concernaient. Il s'appuyait totalemebt sur moi sans autre sentiment qu'une confiance, une admiration réciproque. Tout se passait donc bien, car j'appréciais son professionalisme, j'étais comme lui, j'avais la même rigueur que lui dans le travail. A tel point qu'il ne voulait plus rien savoir sur notre groupe : tout devait passer par moi, ce qui n'a pas plu à tout le monde... dont Peggy!

Pourquoi le quitter ?
Parce qu'il y avait trop de choses que je n'aimais pas autour des filles. C'est vrai, les filles étaient belles et, si elles intéressaient le public mâle, elles intéressaient aussi beaucoup de musiciens qui les voyaient tous les soirs agiter leurs fesses sous leur nez! Si bien qu'à un moment, c'était intenable, ils avaient presque un droit de cuissage que je n'appréciais pas beaucoup. Bien sûr, ça n'était pas l'affaire de Claude, mais moi, ça commencer à me peser.

Et puis, je n'aimais pas non plus la façon qu'il avait de traiter ses fans. Il était méchant, méprisant, il les envoyait balader. Mais ce qui me suprenait, c'est que le lendemain elles étaient là, en adoration. On ne peut pas sauver les gens malgré eux!
Quelquefois, pour l'ennuyer sans quand même trop le mettre en colère, elles s'arrangeaient pour envahir nos chambres!

Tout ceci mis bout à bout, de retour d'Italie je décide de dire à Claude que je m'arrête. Il a d'abord été furieux puis, je crois, très triste. Il savait qu'il pouvait compter sur moi et ne voulait pas que je parte. Comme je chantais, il m'a même proposé de faire un disque chez lui. Mais d'abord, ça ne m'intéressait pas et puis je ne voulais pas être liée par un contrat de chanteuse. Je suis donc partie en gardant d'excellents rapports avec lui.

Il y a plein d'anecdotes, surtout lorsqu'on voyageait hors de France. Je me souviens de l'émeute que nous avons suscitée en Italie... Pas Claude, mais les Clodettes!
Les italiens étaient fous de nous et nous appelaient "Les Ragazzi" et on a eu des articles de presse aussi importants que Claude... ce qu'il n'appréciait pas vraiment!

Je me souviens d'une tournée en Afrique où à Léopoldville (Kinshasa aujourd'hui) la chaleur était tellement intense qu'entre deux chansons nous devions vider nos bottes trempées de transpiration.

Entre Claude et moi, il n'y a jamais eu de bagarre, une engueulade, un mot plus haut que l'autre. Il m'avait confié un travail, je le faisais en vraie professionnel et je lui donnais totale satisfaction. Donc, il n'y a jamais eu l'ombre d'un problème. La seule fois où le ton est un peu monté c'est lorsque je lui ai demandé une augmentation pour les filles. Je trouvais que, par rapport au travail fourni, elles n'étaient pas assez payées. Il a fini par être d'accord avec moi.

C'était un impulsif et perfectionniste, il voulait faire mille choses, avoir tout, tout de suite. Peut-être sentait-il qu'il n'aurait pas longtemps à vivre alors il vivait à une vitesse grand V. il avait très peur de la mort et à trente ans, il se sentait déjà vieux.

Aussi, c'était sa façon de ne pas penser à ça  que de vivre dans cet état de folie, de tourbillon.
Il avait un esprit inventif et recherchait toujours des choses originales, extraordinaires pour alimenter et perfectionner son show. Il voulait que son public ait le meilleur, soit toujours surpris et admiratif.
Il était, c'est vrai, quelquefois d'une mauvaise foi incroyable, avait un ton très mordant, très autoritaire, mais une fois passé son moment de crise, il savait être charmant et d'une grande délicatesse.
Et surtout, même s'il n'avait pas la manière, il engueulait rarement les gens à tort.

Pour moi, Claude reste un très beau souvenir."



Maddly ici à droite avec Claude François.

Deuxième à droite sur Prendi Prendi
A droite de Claude sur Monsieur le Businessman
A droite de Claude et en jaune sur Les Majorettes

C'était en 1972, à Antigua, aux Antilles. Claude Lelouch tourne L'aventure, c'est l'aventure, une comédie avec Lino Ventura, Jacques Brel, Charles Denner, Aldo Maccione et Charles Gérard ou les tribulations d'une bande de pieds nickelés sur le retour qui multiplie les mauvais coups dans le but de s'en mettre plein les poches. Lors d'une pause dans leur emploi du temps très surchargé, ils mettent le cap sur les Caraïbes, jouent les playboys rouleurs de mécaniques sur la plage et emballent sur leur yacht quatre belles filles peu farouches qui finiront d'ailleurs par les trahir. Parmi elles, Maddly Bamy, belle Guadeloupéenne de 29 ans qui compte, à cette époque, une expérience parmi les Clodettes ainsi qu'une poignée d'apparitions télé et ciné dont deux rôles (La piscine et Madly) aux côtés d'Alain Delon avec lequel elle aura une idylle..

En juillet 1974, Jacques et Maddly partent pour un tour du monde à bord de l’Askoy. Ils s’arrêteront à Hiva ʻOa, aux îles Marquises. Elle partage la vie de Jacques Brel jusqu'au décès du chanteur, en octobre 1978.
Sœur d'Érick Bamy, elle a coécrit avec lui Deux enfants du soleil. Elle a publié dix livres, dont plusieurs consacrés à Jacques Brel.


Sa filmographie :
1972 : L'aventure c'est l'aventure de Claude Lelouch
1969 : La Piscine de Jacques Deray
1969 : L'Amour fou de Jacques Rivette
1969 : Madly de Roger Kahane
1967 : Les Cinq Dernières Minutes : La Mort masquée de Guy Lessertisseur, série TV







Source : https://lamusicaliste.wordpress.com/2014/12/23/trois-clodettes-et-leur-frere-tribute-to-erick-bamy/

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